Addiction et cadre de vie
Article mis en ligne le 24 septembre 2021

par Redaction

"Prenez un rat, mettez-le dans une cage. Donnez-lui deux bouteilles : la première remplie d’eau, la deuxième d’eau mélangée à de l’héroïne ou de la cocaïne. Le rat choisit quasiment toujours de boire l’eau droguée. Presque toujours, il se tue rapidement.

Dans les années 70, le Pr Alexander s’interroge. Nous mettons le rat dans une cage vide. Il n’a rien à faire à part prendre ces drogues. Essayons quelque chose de différent.

Le Pr Alexander construit alors une cage, appelée « Rat Park », qui est l’équivalent du paradis pour les rats. Ils ont du fromage, des boules de couleur, des tunnels. Ils ont plein d’amis et de rapports sexuels…. et les deux bouteilles d’eau, l’eau normale et l’eau droguée.

Ce qui est fascinant : à Rat Park, les rats n’aiment pas l’eau droguée. Ils ne la consomment presque jamais. Aucun d’entre eux ne la consomme de façon compulsive. Aucun ne fait d’overdose. On passe de presque 100% d’overdoses lorsqu’ils sont isolés à 0% d’overdose lorsqu’ils ont une vie heureuse et sociale.

Et si la dépendance avait à voir avec la cage ?
Et si la dépendance était une adaptation à un environnement ?

Peut-être ne devrions-nous pas l’appeler dépendance mais attachement ? Les êtres humains ont le besoin naturel et inné de se lier. Lorsque nous sommes heureux et en bonne santé, nous nous lions et nous connectons avec autrui mais si nous ne pouvons pas faire ça, parce que nous avons été traumatisé, isolé ou écrasé par la vie, nous allons nous lier avec quelque chose qui nous procurera du bien-être.

Dans les phénomènes d’addictions, nous parlons tout le temps du rétablissement individuel, mais nous devrions parler de la guérison sociale.

Nous avons créé une société où nombre d’entre nous sont drogués. Nous avons créé une société hyper individualiste et hyper consumériste. Pour beaucoup, la vie ressemble bien plus à la cage isolée qu’à Rat Park. Nous sommes conditionnés dès l’enfance à focaliser nos espoirs sur l’ambition d’acheter et de consommer.

Nous devrions nous focaliser sur le lien social. L’opposé de l’addiction n’est pas la sobriété mais le lien social."
d’après Post de Stéphane Dabas sur LinkedIN