LISRA Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action
pour un tiers espace de la recherche et de l’action

La recherche-action en laboratoire social tel qu’elle est instaurée par le LISRA depuis une quinzaine d’années correspond à des besoins urgents pour les populations de se saisir des outils de la recherche afin de développer ses propres expertises en réponse aux crises actuelles, d’inventer et d’expérimenter des formes d’organisation sociale respectueuses du vivant.

Le LISRA s’adresse en priorité aux acteurs populaires et participe à l’émergence de centralités populaires, lieu de croisement des savoirs (techniciens, scientifiques, pragmatiques), de formation réciproque et d’expérimentation par la recherche-action.

Article mis en ligne le 2 octobre 2021

par Redaction

Pour signer la charte

L’orientation stratégique du LISRA se décline en plusieurs axes complémentaires :

Accompagnement d’expérimentations sociales par la recherche-action et la structuration d’initiative sur les territoires.
Valorisation des savoirs par l’écriture réflexive dans la mise en place d’ateliers régionaux de recherche-action et ouverture de passerelle vers la formation.
Développement de recherches collaboratives en partenariat avec des institutions pour le renforcement d’un tiers-secteur de la recherche et des dispositifs appropriés.
Valorisation du rôle de la culture comme outil de transformation sociale et forme de résistance.
Mobilisation et animation d’un réseau national.

Nous entendons par « populaire », cette prise de conscience d’être situé voire dominé dans un rapport social de production et reproduction et la possibilité d’en modifier l’orientation historique par la constitution de minorités actives. En cela cette dimension populaire se distingue d’une version chosifiée d’un « peuple », mais s’entend comme une construction sociale permanente de populations se recomposant et s’affirmant dans une dynamique de transformation sociale.

Acteur-chercheur n’est ni un statut ni une profession, mais une démarche réflexive instruisant sa propre expérience comme matériaux d’une production de savoir réinvestie dans sa pratique provoquant ainsi un processus en spirale. Cette « recherche en acte » ou réflexivité garantit la pertinence et l’efficience du savoir tout autant qu’une recherche appliquée ou une recherche fondamentale.

Cependant, les conditions de production de savoir sont différentes, car elle nécessite dans ses situations d’implication socioprofessionnelle la négociation d’un « tiers espace » réflexif. Cela conduit à travailler sur le rapport entre l’« instituant » et l’« institué », c’est-à-dire entre espaces d’expérience qui élaborent ses propres normes (autonomie) et les cadres de travail dont les normes viennent de l’extérieur (hétéronomie).

À ce titre le fonctionnement organisationnel et décisionnel du LISRA emprunte à une vie en réseau inter-régional d’acteur-chercheurs dont chaque initiative peut représenter un point nodal. L’entrée et l’orientation dans l’association sont déterminées par la possibilité de développer une axiologie en recherche-action selon les axes épistémologiques, méthodologiques et stratégiques décrits dans le présent texte.

L’orientation stratégique du LISRA se décline en plusieurs axes complémentaires :

Accompagnement d’expérimentations sociales par la recherche-action et la structuration d’initiative sur les territoires.
Valorisation des savoirs par l’écriture réflexive dans la mise en place d’ateliers régionaux de recherche-action et ouverture de passerelle vers la formation.
Développement de recherches collaboratives en partenariat avec des institutions pour le renforcement d’un tiers-secteur de la recherche et des dispositifs appropriés.
Valorisation du rôle de la culture comme outil de transformation sociale et forme de résistance.
Mobilisation et animation d’un réseau national.

La dimension du « tiers » permet d’appréhender cette situation complexe en dépassant la dichotomie entre acteur et chercheur, recherche et action. Le tiers produit un décalage où chacun est invité à faire un pas de côté vis-à-vis de sa posture sociale et professionnelle habituelle. Cela permet de modifier les critères qui donnent une valeur à la production de savoir, autrement dit, les critères d’évaluation des dispositifs scientifiques et opératoires.

Le laboratoire social est l’un de ces dispositifs qui correspondent à ce processus (écriture réflexive, ateliers de recherche-action, formation-action, entretien autobiographique, enquête conscientisante, etc.). Il contribue à l’identification et l’élaboration de lieux sur les territoires que les acteurs-chercheurs peuvent solliciter au service de leurs démarches. Nous aidons dans la mesure du possible à la négociation et la pérennisation de ces lieux d’accueil inconditionnel dépassant les logiques verticales sectorielles et disciplinaires au sein des structures de toute nature dans le cadre de partenariat pouvant amener à des recherches collaboratives (exemple de la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord).

Les laboratoires sociaux peuvent être provoqués dans la négociation d’une commande institutionnelle ou naitre initialement comme « zones temporaires autonomes », par un auto-missionnement des acteurs engagés dans une situation donnée. Prenons l’exemple du collectif « Rues Marchandes » : il répond à la situation des récupérateurs-vendeurs de rue, comme réalité sociale qui convoque une recherche-action stratégique dont la production de savoirs est réappropriable par les principaux intéressés, sous forme d’expérimentations sociales permettant de dégager des alternatives en termes de cadre de pensée et d’action (en l’occurrence, dans cet exemple en termes d’économie populaire).

La reconnaissance de centralité populaire conduit à un décentrement des lieux de pouvoir / savoir, à un autre rapport du centre à la périphérie en tant que tiers espaces, plaçant les territoires délaissés et les populations invisibles au centre de nouvelles formes d’université populaire et de modes opératoires impliquant une vision politique, un engagement, un rapport à la durée.

À ce titre les laboratoires sociaux doivent prendre en compte les conditions de précarité dans lesquelles sont plongés les travailleur(se)s intellectuel(le)s et plus généralement tous les porteurs de dispositifs associatifs et coopératifs qui misent sur l’intelligence sociale, aussi bien dans le domaine des sciences humaines et sociales que dans les mouvements sociaux.

Le LISRA veut contribuer à la mise en récit de ces expériences individuelles et collectives qui permet à la fois de se réapproprier une histoire (écrire et ne pas être écrit par…) et de valoriser la production de savoir à travers différents supports (plate-forme recherche-action.fr, publications, séminaires, forums).

C’est aussi la possibilité pour chaque personne ou collectif en légitimant la posture d’acteur-chercheur de reconstituer une cohérence existentielle, de créer des zones d’autonomies et d’émancipation indépendamment des formes concurrentielles et productivistes imposées par les modèles économiques. Ainsi, les savoirs issus des pratiques au même titre que la culture libre, les besoins sociaux et environnementaux font partie de ce bien commun essentiel nécessitant un autre mode de gestion et d’organisations que celui de la marchandisation.

L’innovation sociale comme nous l’entendons a pour but de répondre concrètement aux besoins fondamentaux par une démarche créative et coopérative. Cette démarche se veut à l’inverse d’une logique de « disruption » qui n’est que la transmutation du capitalisme d’une forme industrielle à une forme cognitive et son extension à de nouveaux marchés (solidarité, santé, social, recherche, culture…) par l’emprise du modèle entrepreneurial sur tous les champs de l’activité humaine et la numérisation de toutes formes culturelles.

Les modalités de cette production de savoir issue l’expérimentation sociale ne peuvent donc être détachées d’une analyse critique des rapports sociaux dans lequel sont produits ces savoirs. En d’autres termes, il ne peut y avoir de justice sociale globale sans justice cognitive globale, c’est-à-dire sans reconnaissance de la pluralité des savoirs et des modes de production de connaissances en commençant par la valorisation et le libre accès des savoirs et des savoir-faire issus de la pratique et de l’expérience, une décolonisation de la recherche et du développement au service de formes endogènes, déconcentrées, autonomes de la pensée et de l’action.
Signataires :

Aigron Lucile, Tiers-Lieux, Nouvelle-Aquitaine
Antoine Claire, Facilitatrice de l’innovation – facilitation graphique, Clermont-Ferrand
Arnodin Camille, Etudes qualitatives et participation citoyenne, Ile de France
Artison Vincent, Pratique – Formation – Recherche, Tiers sociétal® (travail de rue, éducation, médiation, Suisse et international
Aissani Lalia, Responsabilité Sociétale des Organisations, Ile de France
Aouizerate Sophie, Consultante et Formatrice, Longjumeau
Balaï Christine, Transition sociale économique environnementale inclusive, LISRA, Ile-de-France, France, International
Bazin Hugues, chercheur en sciences sociales, LISRA Ile de France
Bechennec Morgane, éducation spécialisée, Seine Saint Denis
Bel Arthur, architecture et urbanisme, Auvergne Rhones Alpes
Bellanger Julien, technocritiques conviviales, LISRA, Nantes
Ben Ali Sabra, Psychologie clinique, Bordeaux Gironde
Bodinier Gabriel, Droit la Ville, Grenoble
Caillaud Stéphane, Dynamiques collectives de transitions territoriales, région Centre
Cardona Pierre-Alain, développement local, Marseille PACA
Cazottes Ewelina, sociologue, laboratoire CRESPPA-GTM, Paris 8, Ile de France
Chabassier Joane, formation dans le champ social, Limoges
Chevallier Bruno, Droits de l’Homme/Biotechnologie, 91 nord- 94
Ciais Grégory, chercheur autonome en sciences sociales, LISRA, Limousin
Curie Raymond, Sociologue, Lyon
DIAZ Emilia, Formation, Montpellier
Decamp André, Animateur d’éducation populaire, Yvelines
Dehove Claire, artiste-chercheuse initiatrice de WOS/agence des hypothèses, Paris
Desert Marie, Arts plastiques, Saint-Maur
Diabaté, Education spécialisé, Paris
Dumont Jean-Luc, Recherche sciences humaines et sociales, Ile de France
Durand Jeanson Alexis, Développement et innovation territoriale, Occitanie
Esteller Mélanie, Développement Social, Paris et banlieue parisienne
Farzad Mehdi, Formation – Éducation – Recherche, Collège Coopératif de Paris, Ile De France, Sénégal
Figueira Clarissa, Doctorante en Sciences de l’Éducation, ESS et travail social, Île de France,
Fredriksson Sylvia, designer, Lyon
Fromont Hélène, Formation Accompagnement et Intervention par la Recherche-Action, Ile de France
Galeandro-Diamant Laure-Anna, Education Spécialisée – sociologie, Rennes
Gentile Mélissa, Tiers-Lieux, danseuse, Nouvelle-Aquitaine
Girard Vincent, santé publique:santé mentale, Marseille
Giroguy Christophe, chef de projet, LISRA Nice PACA
Glenat Jean-Marc, Formation et recherche en travail social, Nîme
Gondol Marie Francoise, « La Chimère Citoyenne« , Grenoble
Goyet Georges, Développement territorial, Action-Recherche, relations arts sciences, Loire, Rhône Alpes
Grassineau Benjamin, Socio-économiste (recherche-action, culture libre et gratuité), CEDREA, GratiLab,
Grebe Cristóbal, Chercheur en sciences sociales, Saint-Denis, France / Chili
Guerrier Nicolas, doctorant en sociologie, développement associatif, LISRA Limousin
Guien Jeanne, docteure en philosophie, obsolescence, gaspillage, critique économique, LISRA Ile de France
Hagel Hélène, Accompagnatrice à la formation éducation populaire, Indre et Loire, région Centre-Val de Loire
Huser Martine, Biffine retraitée, Paris
Imbert Pascale, psychologie, Dordogne
Juguet Stéphane, anthropologue, directeur de l‘agence What Time, Nantes / Ivry/Seine
Kellenberger Sonja, Sociologie, Anthropologie, Travail social, formation, Dijon
Kherfi Lakdar, Chef de projet Médiation Nomade, soirées des quartiers populaires, France
Lecoq Maxime, Ingénierie Sociale et Culturelle, Rennes
Lequin Julie, Agriculture et alimentation dans les territoires, Dordogne, Gironde, Ile de France, France
Malatray Gilles, Paysages sonore et écologie sonore, soundwalking, Lyon, France, Europe
Marongiu Hervé , Danseur du Collectif Sans Tête, Rennes
Mathon Hélène, auteure et metteuse en scène, Montreuil, Toulouse
Martin Céline, Ingénieure d’études sciences humaines et sociales, Rennes
Mennella Leslie, Sciences politiques et Sociales / chargée de projets culturels, Occitanie
Merle Thierry, Accompagnement des transitions, Rennes
Mialon Antoine, Architecture urbanisme, Aubervilliers, Seine Saint Denis
Michel Franck, Anthropologie du voyage, France, Chili et Indonésie
Mmadi Ibrahima, Diplômé en sociologie et politique de la ville, Nice Conseil citoyen Ariane/le Manoir
Mongis Baptiste, doctorant en sociologie, Institut des Hautes Etudes sur l’Amérique latine, Paris
Mousset Pascale, Innovation sociale, Livinglab, reconnaissance ouverte, Vendée, Pays-de-la-Loire
Olmedo Adriana, peintre
Ott Laurent, Pédagogie sociale, LISRA, Ile de France
Pachod Laurent, sociologie, recherche et formation en travail social, Auvergne / Rhône-Alpes
Panagos Mélina, Chargée de mission Genre et Espace public, doctorante en sciences de l’information et de la communication, Nice
Paturel Dominique, HDR Sciences de Gestion, UMR 921 Innovation, démocratie alimentaire, LISRA, Montpellier
Pawlowsky Richard, Hypercrate?, Action-Recherche, infra et hyper structure AIR, CristalS, VotezPourVous, Bordeaux, Marseille, Paris
Peyre Isabelle, développement associatif, LISRA Ile de France, Mali
Pilloix Thibault, Géographie, transition des territoires touristiques, Grenoble
Pionneau Maxime, Journalisme, Calvados
Piote Mathilde, Ingénierie de formation pour adultes dans le champs de l’éducation populaire, Indre et Loire
Pivert Léa, Economie sociale et solidaire, Metz
Pouthier François, Culture et développement territorial, Bordeaux
Quenet-renaud Anton, Musique & Bricolage, Nantes
Ramanitra Mahieu, Doctorat sciences du langage université paris 13, Créteil
Santiago Núñez Regueiro, Solidarité Internationale, Praticien/évaluteur et Chercheur, Paris
Ribet Yann, activiste hip hop, Grenoble
Ros Élodie, sociologue et docteure en science politique, ESS, LISRA Ile de France
Roux Louise, Artiste-chercheuse, Arts vivants, Paris, Saint-Denis
Sapin Eric, Péniches associatives – Éducation à la paix, volontariats,vie fluviale, Ile de France, Juvisy et Paris
Senegas Élisabeth, animatrice de ‘La Chimère Citoyenne‘, LISRA, Grenoble
Serero Pierre Louis, démocratie locale, expertise d’usage en particulier des personnes pauvres et précaires, Grenoble
Shungu José, Musique/ médiation culturelle, Besancon, Bourgogne-Franche-Comté
Sidibé Ahmed iyane, Pédagogie ludique, Dakar
Slimani Mehdi, Auteur/Chorégraphe Cie No MaD, LISRA, Ile de France
Slimani Radia, Ingénieure en énergétique et militante, Bordeaux
Souchard Nadine, Recherche-action coopérative, formation-action, région Bretagne et grand ouest
Tahar Bouhouia, Docteur en sociologie des organisations et éducateur de rue, Paris, anthropologie
Techer Rieul, Recherche et ingénierie sur les transitions, Lyon
Tesla Ida, Artiste-artiste associée à Pih-Poh, Tours
Vieille-Grosjean Henri, anthropologie, Strasbourg + Afrique + Amér ; Centre et Sud
Voegeli Mael, Recherche pedagogie medicale cooperative, Inde
Weis Christian, bio géographe, écologie, LISRA Allier Auvergne
Yebba Yassir, Alimentation et territoires, Niort, Deux-Sèvres, Nouvelle-Aquitaine
Zorraquin Victoria, Animation socioculturelle, LISRA Nantes